La pandémie a tout changé. L’Église aussi ?
Par Christian Holland
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« Où étiez-vous lorsque vous avez appris que John Kennedy avait été assassiné ? » C’est la question qui a façonné le calendrier de toute une génération. Trente-huit ans plus tard, une nouvelle question a marqué une nouvelle génération : « Où étiez-vous le 11 septembre ? » Ce fut un moment si important de l’histoire que l’année n’est pratiquement jamais mentionnée.
La nouvelle question
Et maintenant, 21 ans plus tard, il y a une nouvelle question, un nouvel évènement, qui façonnera les générations à venir : « Comment était la vie avant le COVID-19 ? » Nous connaissons l’essentiel : la maladie du Coronavirus (COVID-19) est une maladie infectieuse causée par le virus SRAS-CoV-2. (1) Le monde occidental avait déjà entendu parler du SARS et regardé à la télévision comment de nombreux habitants des pays asiatiques portaient des masques. Jamais, dans nos rêves les plus fous, nous n’aurions imaginé que le port du masque ferait partie intégrante de la vie des Occidentaux.
Au moment où j’écris ces lignes, en février 2022, deux ans se sont écoulés depuis le début des effets du COVID-19 aux États-Unis (et aussi en Europe. n.d.t). À l’heure actuelle, de nombreuses restrictions sont en train d’être levées. J’ai entendu une question à plusieurs reprises : « Pasteur Holland, quand l’église reviendra-t-elle à la normale ? » J’ai réfléchi à cette question à de nombreuses reprises. Alors que je tente de répondre à cette question, le Seigneur m’a convaincu que je dois écrire avec mon cœur.
En mars 2020, ma femme et moi venions de rentrer d’un voyage à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, où nous avions rencontré l’église adventiste locale pour discuter de l’évangélisation dans le Nord. J’avais suivi de près l’actualité et je savais qu’il était question de l’arrivée du COVID-19 aux États-Unis. Je n’avais aucune idée qu’en quelques semaines seulement, tout allait changer. Les églises fermeraient, le bâtiment de la Conférence générale fermerait, Zoom deviendrait un nouveau synonyme de réunion, et il y aurait un bouleversement complet de tout ce que nous considérons comme « normal ». Nombreux sont ceux qui se demandent ce que sera la « nouvelle normalité ». Que sera l’église ? Comment peut-elle être ?
Ce que j’écris sur le COVID-19 concerne spécifiquement le COVID-19 et son effet sur la vie de l’église et l’avenir de l’église. Des millions de personnes sont mortes ; des millions d’autres ont été affectées négativement par la maladie. À un moment comme celui-ci, l’église doit savoir, plus clairement que jamais, ce qu’elle est et ce qu’elle doit être et faire ; comment elle se rapporte aux circonstances difficiles. Nous devons avoir et partager les réponses de Dieu à la question spécifique du COVID et de ses effets sur Son église.
À ceux qui ont rendu le COVID-19 responsable des défis, des problèmes et des lacunes de l’église à ce moment, je réponds humblement que le COVID-19 a plutôt exposé et exacerbé des problèmes existants. Voici mes trois principaux points :
- Le COVID-19 nous a appris que le maintien des membres est un problème encore plus important que nous ne le pensions. Voici la triste réalité : de nombreuses personnes ont cessé de fréquenter l’église en mars 2020 ; nous pourrions peut-être ne plus jamais les revoir. Cette triste réalité a été étudiée et discutée pendant des années par plusieurs entités différentes, plus particulièrement par le Bureau des archives, des statistiques et de la recherche de l’église mondiale, comme nous le verrons plus loin. Mais la nécessité de se concentrer sur le Grand Mandat et de faire des disciples est absolument essentielle.
- Le COVID-19 nous a appris que beaucoup d’entre nous aspirent au contact humain et à l’interaction. À Haymarket, en Virginie, à l’église communautaire adventiste du septième jour Living Hope – dont je suis l’Ancien principal – nous avons pu rouvrir plus tôt que les autres églises de notre région. Grâce à cela, nous avons eu une explosion de visiteurs. À l’heure actuelle, nous accueillons régulièrement 50 % de visiteurs, dont beaucoup sont des adventistes dont les églises actuelles n’ont pas encore ouvert leurs portes ou sont encore soumises à de nombreuses restrictions.
- Le COVID-19 nous a appris l’importance d’être efficaces et de s’engager dans l’espace numérique (la Toile). De nombreuses églises diffusaient déjà leurs services en streaming. Pour ceux qui n’étaient pas en ligne, le COVID-19 a fourni l’opportunité de se connecter. Au cours des dix dernières années, la consommation de médias par le biais d’applications mobiles a augmenté de 460 %. (2) Pour atteindre une nouvelle génération, nous devons nous engager dans les médias sociaux/numériques.
Et après ?
Que sera l’Église ? La grande question à laquelle sont confrontés les églises locales, les fédérations, les unions et les divisions est la suivante : « Où allons-nous maintenant ? ». Bien que je ne prétende pas au don prophétique, je crois que les meilleures années de l’Église adventiste du septième jour peuvent se produire dans le contexte d’un monde post-COVID. Nos églises ont su s’adapter. Beaucoup de nos congrégations ont fait un bon travail en se connectant et en essayant de rester connectées grâce aux services en ligne. Zoom a permis à nos différents comités de continuer à fonctionner malgré la pandémie.
Que peut être l’Église ?
Que peut devenir l’Église ? Nous ne savons pas si les changements sociétaux provoqués par la pandémie du COVID seront ou non une » nouvelle normalité « , ou si beaucoup de ces changements disparaîtront. Nous ne savons pas si un nouveau virus entraînera une nouvelle pandémie. Nous ne pouvons tout simplement pas répondre à ces questions. Quelles mesures l’Église adventiste du septième jour et les congrégations locales peuvent-elles prendre, malgré ce que nous ne savons pas, pour devenir tout ce que Dieu veut que l’Église soit ? Voici mes quatre premières mesures :
- Nous devons étudier et comprendre l’appel de Dieu pour son église aujourd’hui. L’église est, littéralement, » les appelés « , (grec ἐκ : » dehors » ; καλέω : » appel « ). C’est une description des personnes qui ont été appelées des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu. Trop souvent, lorsque nous utilisons le mot » église « , nous pensons à une structure ou à un bâtiment. Mais l’église, ce sont les gens. John McVay, président de l’université Walla Walla et ancien doyen du Séminaire théologique adventiste du septième jour, écrit qu’il existe cinq types de métaphores de l’église. (3) Ces catégories sont l’église en tant que corps, l’église en tant que bâtiment spirituel, l’église en tant que champ (ou autre métaphore agricole), l’église en tant qu’armée et l’église en tant que famille/épouse. Bien que l’espace ne permette pas de passer en revue chaque métaphore, nous pouvons résumer comme suit les leçons apprises à travers ces cinq métaphores : L’église est un corps vivant et sain de croyants qui sont formés pour une mission qui est fondée par Dieu, et qui grandit grâce à Dieu, car chacun participe activement à la plantation de graines pour la récolte de l’évangile.
- Nous devons connaître un réveil de la responsabilité d’être personnellement impliqués dans la mission. Ellen White déclare dans The Ministry of Healing : « Il est nécessaire de se rapprocher des gens par un effort personnel. Si l’on consacrait moins de temps aux sermons et plus de temps au ministère personnel, on obtiendrait de meilleurs résultats. Il faut soulager les pauvres, soigner les malades, réconforter ceux qui souffrent et ceux qui sont en deuil, instruire les ignorants, conseiller les inexpérimentés. Nous devons pleurer avec ceux qui pleurent et nous réjouir avec ceux qui se réjouissent. Accompagné de la puissance de la persuasion, de la puissance de la prière, de la puissance de l’amour de Dieu, ce travail ne pourra pas, ne peut pas, ne pas porter de fruits. (4)
Dieu a la vision que son église ne sera pas remplie de spectateurs et de consommateurs, mais plutôt de participants actifs qui pleurent les âmes perdues. Si les pandémies peuvent fermer des bâtiments, elles ne peuvent pas fermer nos maisons à un travail plus restreint et plus personnel. - Nous devons devenir exceptionnellement intentionnels en matière de formation de disciples. Le Grand Mandat de Matthieu 28 :18-20 ne contient qu’un seul impératif : « Faites des disciples ». Tout le reste du mandat est une phrase participante subordonnée. Cela signifie que l’on fait des disciples en « allant », « enseignant » et « baptisant ». Le manque de formation intentionnelle de disciples, entre autres, est à l’origine de nos problèmes de rétention/maintien. La formation intentionnelle de disciples donne l’opportunité aux nouveaux croyants d’être intégrés dans le corps et de vivre une expérience chrétienne fructueuse. La formation de disciples ne se fait pas par osmose, mais par des processus intentionnels de développement. Le livre Simple Church est fondé sur une étude des églises chrétiennes qui connaissent la croissance la plus rapide en Amérique du Nord. La clé parmi toutes ces églises ? Il y a un parcours clair, simple et évident de formation de disciples dans chacune de ces églises. Le Manuel du Disciple, (5) ainsi que d’autres matériaux appropriés, fournissent des ressources formidables pour vous aider, vous et l’église, dans ce parcours.
- Nous devons faire en sorte que nos bâtiments deviennent des centres d’influence pour la communauté qui les entoure. Grâce à l’implication active de chaque membre dans la communauté, l’église sera parfaitement consciente des besoins de cette communauté et sera en mesure de répondre à ces besoins. Une fois de plus, Ellen White déclare : « Seule la méthode du Christ permettra d’atteindre véritablement le peuple. Le Sauveur s’est mêlé aux hommes comme quelqu’un qui désire leur bien. Il a montré sa sympathie pour eux, a répondu à leurs besoins et a gagné leur confiance. Puis il leur a dit : « Suivez-moi » (6). Ce processus est plus facile à dire qu’à faire. Pourtant, c’est le modèle qui apportera le « vrai succès ». Et répondre aux besoins d’une communauté nous préparera finalement à aider en temps de grande crise. Cependant, Gary Comer nous met en garde : « Nous sommes embourbés dans un mode de pensée dépassé et inefficace qui ne suffit pas à amener les gens d’aujourd’hui de là où ils sont à la foi. . . . Pour nous réveiller, cependant, nous devons changer radicalement toute notre approche ». (7) Nous ne pouvons pas embaucher des professionnels pour faire le travail que Dieu a appelé chacun d’entre nous à faire.
Il y a encore tellement de choses à dire. Cependant, j’insiste sur le fait qu’aucune vision de l’avenir de notre église ne doit être retenue dans l’attente d’un vote de la Conférence générale, d’un changement de règle d’une Division, d’un comité d’Union, d’un comité exécutif d’une Fédération locale, ou même d’un vote du conseil d’une église locale. Rappelez-vous : l’église n’est pas un assemblage de briques et de bois. L’église, c’est vous. L’église, c’est moi. La vision que Dieu a de son église peut se réaliser et se réalisera lorsque chacun d’entre nous prendra sa propre responsabilité, prendra le temps de prier, se soumettra humblement et permettra à Dieu de travailler à travers nous. Que sera l’église ? Que peut être l’Église ?
La réponse dépend de vous.
Chris Holland est évangéliste principal pour Hope Channel International et président de la Living Hope School of Evangelism. Il est marié à Debbie.
- https://www.who.int/health-topics/coronavirus#tab=tab_1
- https://www.visualcapitalist.com/ how-media-consumption-has-changed-in-2021/
- https://digitalcommons.andrews.edu/auss/vol44/iss2/7/
- Ellen G. White, The Ministry of Healing (Mountain View, Calif.: Pacific Press Pub. Assn., 1905), pp. 143, 144.
- https://adventistbookcenter.com/discipleship-handbook.html; https://www.growingfruitfuldisciples.com
- E. G. White, p. 143.
- G. S. Comer, Soul Whisperer: Why the Church Must Change the Way It Views Evangelism (Eugene, Oreg.: Resource Publications, 2013), p. 12.